Le mobilier ergonomique, une condition du bien-être au travail
Avant le XXème siècle, le mobilier de bureau définissait surtout le statut de son utilisateur. Du grand confort luxueux affiché pour les « patrons » aux sièges inconfortables des employés obscurs, les différences étaient majeures. Aujourd’hui, le mobilier est devenu ergonomique et une des conditions du bien-être au travail, avec ses nouvelles fonctionnalités et ses exigences. Mais en quoi cette nouvelle tendance influe-t-elle sur le bien-être au travail ? Quels sont ses apports en matière de confort physique, voire psychologique, pour ceux qui l’utilisent ? Quelles sont également les nouvelles tendances en matière d’ergonomie ?
De la bure à Boulle, petite histoire de l’ergonomie
Le saviez-vous ? Le terme bureau provient de la bure, une étoffe grossière de laine brune qui servait notamment à confectionner les vêtements des moines. Ainsi, au Moyen-Age, ce textile recouvrait les tables qui servaient aux moines copistes à recopier les livres. Il leur permettait d’absorber les tâches d’encre, fréquentes en raison des plumes fragiles utilisées pour écrire. Ainsi, avant 1452 et l’invention de l’imprimerie par Gutemberg, la bure nappait donc les ancêtres des bureaux. Loin du mobilier ergonomique et du bien-être au travail, ceux-ci avaient généralement une forme inclinée d’écritoire ou de pupitre. Mais il faut attendre l’âge classique, au XVIIème siècle, pour voir le développement des bureaux de type moderne. Ils apparaissent notamment pour la première fois dans l’inventaire du mobilier de Louis XIV. Ils se présentent alors sous la forme de tables, encore, auxquelles on adjoint une ceinture de tiroirs.
Du Mazarin au bureau plat, moins de pieds, plus d’espace
Pour augmenter le nombre de tiroirs de bureau, et conserver les documents confidentiels sous clé, on en multiplie le nombre de pieds. Ainsi le bureau de type « Mazarin », du nom du Cardinal et ministre d’état de Louis XIV, en comporte huit. Liés quatre par quatre par des entretoises, ces pieds soutiennent au moins deux tiroirs de part et d’autre. S’ajoute un tiroir central pour parfaire son ordonnancement. C’est à la fin du règne du roi Soleil que le bureau s’allonge et s’affine. L’ébéniste, mais aussi fondeur, ciseleur et doreur André-Charles Boulle joue un rôle majeur dans cette évolution. Ancêtre spirituel de l’ergonomie et du bien-être au travail, il crée des modèles de bureaux plus longs et avec moins de tiroirs. Avec ses quatre pieds, ce nouveau bureau dispose de trois tiroirs. Marquetté, il s’orne de décors appliqués en bronze doré, symboles de richesse et de pouvoir.
Bureau, cabinet ou secrétaire, les double sens
L’évolution des meubles utilitaires correspond à celle de la société. Ainsi, de François 1er à Louis XVI, la piéce de mobilier sur laquelle on écrit change-t-elle de nom et de fonction. Si le bureau devient une table à tiroir, le cabinet comporte plus de rangements et peut se fermer. Le secrétaire, quant à lui, sert en particulier à ranger des papiers et des documents, avec des compartiments fermés à clé. Réservé aux hauts personnages, et parce qu’il contient des secrets d’état, il en tire son nom. Il se décline en grand format, semblable à une armoire, ou à cylindre, cette partie arrondie qui se clot avec une clé. Et c’est au XIXème siècle que le procédé de métonymie ( la partie pour le tout) s’applique aux pièces de mobilier. Le bureau, comme le cabinet, désignent désormais des pièces entières, qui contiennent ces meubles.
Influences croisées pour l’ergonomie
Rien ne permet de dater exactement l’invention du concept de mobilier ergonomique, allié au bien-être au travail. Cependant, plusieurs créateurs ont nourri le développement du concept d’ergonomie. Une des origines, discutée et polémique, repose sur les théories de Frederick-Winslow Taylor, père du célèbre taylorisme. En supprimant tout geste inutile pour les humains au travail il popularise, au début du XXème siècle, la notion d’organisation scientifique du travail. Cette optimisation des outils de travail s’accompagnant d’un chronométrage précis, elle est devenue au fil du temps davantage symbole d’aliénation que de progrès. Dans la même veine, Henri Ford a standardisé tout à la fois la production et les postes de travail, avec le même lot de critiques virulentes. Si le terme même d’ergonomie a été inventé par le polonais Wojciech Jastrzębowski au XIXème siècle, il ne s’est développé qu’au XXème siècle. Consacrée à l’étude du travail humain, l’ergonomie s’impose face à l’ergologie, terme qui s’applique autant aux humains qu’aux animaux ou aux végétaux.
Des prémisses à la vulgarisation, l’ergonomie en action
L’ergonomie, en tant qu’élément du bien-être au travail, n’apparaît réellement que dans la deuxième moitié du XXème siècle. Avec les travaux de la psychophysique et de la psychologie expérimentale, elle trouve un père avec Alain Wisner, médecin qui se consacre à l’analyse du travail. Si elle fait l’objet d’un enseignement au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) dès les années 60, elle accélère son développement entre 1970 et 1990 et devient un métier reconnu. Deux ouvrage majeurs : Measure of man, d’Henry Dreyfuss et Humanscale, de Niels Diffrient, soutiennent les applications de l’ergonomie à la vie de bureau et à ses nouveaux enjeux, liés à la généralisation du travail sur ordinateur.
Le mobilier ergonomique, réponse aux enjeux du travail de bureau
Si l’ergonomie se définit désormais comme la science de l’adaptation du travail à l’homme, son rôle ne se limite plus depuis longtemps au travail à la chaîne. En effet, le mobilier de bureau ergonomique a prouvé depuis quelques décennies son influence sur le bien-être des salariés. Et qui dit bien-être dit productivité accrue. Il s’agit donc bien d’un enjeu de taille pour des entreprises qui ont de plus en plus de difficulté à motiver et fidéliser leurs collaborateurs. En effet, aujourd’hui, plus d’un emploi sur deux est un emploi de bureau dans la métropole du Grand Paris. Dans cette nouvelle configuration du travail, l’ergonomie du mobilier de bureau prend une dimension cruciale, avec et au-delà du bien-être.
Définitions du mobilier de bureau ergonomique
Le mobilier de bureau doit aujourd’hui s’adapter aux besoins physiologiques mais aussi aux habitudes de travail des collaborateurs. En effet, selon sa taille et son poids, on aura besoin de bureaux et de chaises différents. Et selon son usage, intensif et statique ou sporadique et mouvant, on préfèrera des équipements légers et moins personnalisés. Néanmoins, de grandes règles s’affirment en matière de conception pour le mobilier de bureau ergonomique :
- Confort : les sièges de bureau sont conçus dans des matériaux à la fois solides et avec des assises respirantes, en tissus durables
- Fonctionnalité : bureau et siège optimisent à la fois leur utilisation et l’espace de travail dans son organisation
- Simplicité : bureaux, sièges et rangements doivent être faciles à utiliser et à moduler
- Variabilité : les variations de posture, débout ou assis, réglages en hauteur et en inclinaison, permettent de limiter l’immobilité
- Maniabilité : tout le mobilier doit être facilement déplaçable ou modulable au gré des besoins et des dispositions des espaces
Avantages du mobilier ergonomique
Choisir un mobilier ergonomique pour ses bureaux ne signifie pas seulement faire le choix du bien-être. En effet, il joue un rôle majeur dans la prévention des risques. Parmi ceux-ci, les TMS ou Troubles Musculosquelettiques ne cessent de croître. Et ils représentent un cout extrèmement important pour les entreprises et la société toute entière. En effet ils représentent 87% des maladies professionnelles et leur cout dépasse les deux milliards d’euros par an. Parmi eux, le mal de dos représente 20% des accidents du travail, notamment pour les emplois de bureau. Ainsi, adopter un mobilier ergonomique permet de :
- Diminuer les risques de TMS
- Réduire les accidents et maladies professionnelles
- Baisser le nombre d’arrêts de travail
Collaborateur heureux, collaborateur efficace
D’un point de vue positif, le mobilier ergonomique augmente sensiblement le bien-être au travail et donc les facteurs déterminants suivants :
- Productivité : avec une meilleure concentration, chacun peut davantage donner le meilleur de lui-même
- Satisfaction : bien équipé et donc avec le sentiment d’être bien considéré et reconnu, chacun s’estime plus heureux au travail
- Engagement : bien dans son espace de travail, un collaborateur s’investit davantage
- Rétention : un collaborateur satisfait de ses conditions de travail est moins tenté de chercher ailleurs
Mobilier ergonomique et nouvelles tendances
Suivant les évolutions des besoins des entreprises et des tendances de la décoration intérieure, le mobilier ergonomique évolue considérablement. Si le minimalisme des bureaux de Marcel Breuer, par exemple, reste toujours aussi actuel, les pièces de mobilier de bureau intègrent aujourd’hui d’autres impératifs.
- Modularité : à l’heure des open spaces et espaces collaboratifs, le mobilier inclut des parois mobiles et accoustiques pour plus de mobilité
- Durabilité : de plus en plus de meubles intègrent des matériaux et des conceptions durables pour répondre aux enjeux écologiques
- Technicité : le mobilier de bureau comporte désormais des stations de recharge sans fil, de gestion de cables…
- Créativité : espaces modulables, mais aussi pods et cabines favorisent la créativité et l’intimité